Le livre des choses perdues, John Connolly
"Il était une fois - car c'est ainsi que toutes les histoires devraient débuter - un garçon de 12 ans qui venait de perdre sa maman. Inconsolable, David a trouvé refuge dans les livres pour oublier le remariage de son père et la naissance de Georgie, son demi-frère. Une nuit, persuadé d'entendre sa mère l'appeler, David découvre un passage caché au fond du jardin. Il le franchit et se retrouve propulsé dans un monde fantastique, peuplé de personnages issus de ses lectures et de son imaginaire. Alors que la Seconde Guerre mondiale déferle sur l'Europe, David entame un périple à la recherche d'un vieux roi qui conserve ses secrets dans Le Livre des choses perdues, sésame qui permettrait au jeune garçon de quitter ce royaume. Mais le conseiller du souverain a pour lui d'autres desseins..."
Les arabesques enchevêtrées des feuillages grimpants, la représentation du petit garçon absorbé par son livre, un titre prometteur en lettres embossées, un grain de papier... souvent le choix d'un livre n'a rien de réfléchi, il découle d'une rencontre presque sensuelle, une rencontre de hasard, un coup de foudre.
Aiguillée toutefois par le pitch quant à ce que j'y trouverai, je m'attendais à une odyssée féerique et magique. C'était sans connaître son auteur, John Connolly, maître du roman noir et des émotions bien ciselées.
Les premiers chapitres qui traitent de la réaction de l'enfant face à la mort de sa mère sont déchirants. Le monde imaginaire dans lequel se déroule le reste du livre est façonné par les lectures du jeune garçon. Nous y retrouvons l'écho de nombreux contes populaires. Loin des versions édulcorées à la Disney, l'auteur y a puisé ce qu'il y avait de plus sanguinaire et bestial. Nombre de ces contes sont revisités et restitués en fonction de la lecture que l'enfant a pu en avoir et de la trace qu'ils ont laissé en lui. Ainsi la Bête devient femme et, par dépit amoureux, dévore le Beau. Blanche Neige est une vile goulue autoritaire dont les nains ne parviennent plus à se débarrasser, même le coup de la pomme empoisonnée a raté. Les références sont multiples et (dans l'édition anglaise en tous cas) expliquées par l'auteur en annexe (accompagnée de leur version originale), ce qui m'a permis de poursuivre ma lecture de manière enrichissante une fois l'histoire terminée et de me sentir un peu moins orpheline loin de ses personnages.
Certains passages sont terrifiants à mon sens (la chasseresse et ses créatures arrivent en tête de mes cauchemars à venir) et je suis quelque peu étonnée d'avoir trouvé ce livre au rayon jeunesse. Bien qu'après tout, à bien y réfléchir, l'enfance est peuplée de monstres et de merveilles et nous arme pour la vie.
Une lecture surprenante que je vous recommande.
Pas convaincus? Pour les anglophones, allez donc visiter le site du livre: http://www.thebookoflostthings.com/
Et une pensée de l'auteur pour la route: "I think the act of reading imbues the reader with a sensitivity toward the outside world that people who don’t read can sometimes lack. I know it seems like a contradiction in terms; after all, reading is such a solitary, internalizing act that it appears to represent a disengagement from day-to-day life. But reading, and particularly the reading of fiction, encourages us to see it in a completely different form. It allows us to inhabit the consciousness of antoerh, which is a precursor to empathy, and empathy is, for me, one of the marks of a decent human being."