Les choses invisibles, des listes, un zébulon, le parc à l'automne et leurs mots
Ce matin j'ai œuvré aux choses invisibles. Je n'aime pas ça faire de l'invisible qui ne se voit que si on ne le fait pas: ménage, vaisselle, cuisine.
J'ai dressé la liste de ce qui n'avait pas été achevé lors de notre emménagement: quelques tringles à rideaux, trois frises, une étagère, des posters, des plantations, tout un mur de photos, le garage.
Et puis, la liste de mes projets pour la fête d'Halloween qui approche à grands pas et éveille mille idées.
La liste de ce que je voudrais achever avant la fin de mon long congé. Mes envies dépassent indéniablement tout cadre spacio-temporel.
Au milieu de tout ça, FlashMax fait le zébulon dans son lit à l'heure de la sieste. Au bout d'une heure bondissante, je l'évacue pour que Misschoeutte puisse être au calme et dormir.
Je travaille sur ma frise imposée (le jour où j'ai accepté de ne pas me lancer dans une remise "à goût "du salon jaune à condition de faire disparaitre sa frise fleurie. Mais impossible de trouver frise à mon goût, j'ai donc choisi un papier peint patiemment découpé en bandes de 14 cm de large sur plus de 6 mètres) pendant ce temps là FlashMax joue avec le chat, et ma frise, et mes nerfs. Il ne me fait pas de cadeau et à cet instant précis, je n'aurais eu aucun tourment de conscience à aller l'inscrire sur le champ plein temps en garderie, nounou ou école, les 3 à a fois tiens.
A l'heure du goûter on réveille Lynn et on file au parc. L'humeur se radoucit et je savoure à nouveau ce temps flexible rien qu'à nous, jusqu'à ce qu'ils frôlent les bords de l'étang d'un peu trop près et s'amusent de mes mises en garde.
Une petite fille a demandé à minette comment elle s'appelait et elle a su décliner toute son identité. Pour peu qu'elle lui aurait demandé où elle habite, elle aurait su lui répondre aussi. Maxime lui m'a dit "padon" aujourd'hui alors que je lui gênait le passage. Tous les deux se lancent joyeusement dans les bonjours à tout va à des passants parfois interloqués, mais ce qu'ils aiment plus que tout ce sont les "au revoir, à bientôt" aux gens, aux lieux, aux objets, animaux, nourriture. Le s'il te plait donne "tite pait" et je fonds à leur "merci maman" ou "bon appetipe." Lynn souligne nos émotions "il est pas contente papa." Maxime nous apostrophe jusqu'à ce qu'on lui réponde et alors il se lance dans un de ses charabias à la jolie intonation mais au sens complétement obscur qu'il répète à l'infini pour peu qu'on oublie notre réplique "ah oui?" "C'est vrai?" "tu crois?" Quand un cheveux est un "cheneux", manger "main-ner", voiture "roiture" et un papillon "papelo" le reste nous laisse souvent perplexe. Esprits et langues se délient et s'exercent autour des mots.Contrairement à ce qu'on peut entendre sur le sujet ces deux là, bien que jumeaux, n'ont pas de langage gémellaire. Cela est probablement plus fréquent chez les jumeaux monozygotes. Pour eux c'est même frappant, ils ont même des mots différents pour le même référent "roiture" pour lui et "auto" pour elle par exemple.
Parc, toboggans et jeux d'enfants sous l'oeil poudré de gris du ciel, en contrebas de la vieille Ville vigilante, le froufrou des feuilles mortes sous le pas, tout ressource mon coeur après s'être senti un peu las.
L'appareil photo lui aussi était déchargé.