l'horloge et la nuit
Lorsque les nuits étaient pointillées par les tétées ....
Une fois les bébés couchés, toujours le même défi à relever: m'octroyer un peu de temps, là, à l'arraché, contre la course effrénée des aiguilles de l'horloge.
* un petit quart de boustifaille (du tout prêt et plein de fromage blanc!)
*un petit quart de pomponnage (souvent limité au brossage de dents et à la douche, un peu d'huile prodigieuse les meilleurs jours)
* un petit quart de vidage de tête (picross sur DS)
*un petit quart de lecture info (parents magazine, enfant magazine, famili magazine, le petit larousse des bébés, et puis ça aussi)
* un petit quart de lecture évasion
Tous ces petits quarts dépassaient vite du cadran et j'abandonnais ma journée un peu frustrée. Je m'endormais sur une oreille, comptant avec appréhension les heures passées et celles encore à venir avant le prochain réveil. Au delà de la fatigue et du fantasme des nuits complètes, il y avait aussi ces moments velours où, dans ses soieries d'ombres noires et bleues, la nuit se refermait comme une parenthèse sur la mère et l'enfant l'un contre l'autre blottis. Point de sommeil alors, mais des songes partagés quand tous dorment à poings fermés. Les nuits s'étiraient, défilaient et faisaient un contrepoint sans pareil aux jours.
Lorsque de nuit comme de jour, de tétées il n'y eut plus...
Les journées s'articulent bien mieux autour du cadran. Les bébés, aux horaires, sont bien pliés, mais la course est toujours la même. Tellement d'idées, de projets, de corvées.
Les nuits rêvées sont arrivées et pourtant elles ne m'ont jamais parues aussi courtes. Passés les réveils nocturnes de l'implacable horloge biologique restée pour un temps fixée sur les tétées des petites heures sonnées, les plus de 6 heures de sommeil d'affilé tant espérées sont arrivées, mais comme une pierre jetée dans les bras de morphée, je m'en relève toute ébétée. Un battement de paupière à peine et la nuit est passée... Ses bras me semblaient si largement ouverts sur le lent bercement du tic tac de l'horloge quand on me tenait éloignée de son étreinte. La voilà qui m'est offerte et je ne me sens guère plus reposée.
Tic tac tic tac ... Le temps est capricieux et rien ne freine sa course jamais.