Ces mardi matin là ou les aléas d'une petite personalité éruptive
Chut!!!! Volcan en sommeil
Ce garçon à la petite enfance bonhomme et pataude, au sommeil jusqu'alors sans soucis et à l'appétit ouvert à tout, explore avec de plus en plus de force les pouvoirs de sa petite personnalité devenue éruptive. Comme parlent les livres: "Il exprime des désirs différents des vôtres (courir avec son petit chariot sur le petit muret qui borde la mare) car pour grandir il a besoin de s'affirmer en tant que personne. S'opposer à vous (vouloir aller à la sieste avec 5 voitures en plus de la Sue 'sou) , c'est sa manière de dire "j'existe!" Il ne s'agit pas de caprices mais d'une étape essentielle de son développement. Il vit dans l'instant présent et n'écoute que ses désirs immédiats (vouloir manger une tablette de chocolat et pas deux carrés et puis c'est tout, bon là je peux faire preuve d'empathie) Lorsque son sentiment de toute puissance se heurte au réel, (chpAAAfff se prendre la portière dans la tête par accident parce qu'on passe en mode étoile de mer convulsive au moment de monter dans la voiture) la frustration est trop forte (les cris aussi). Il se heurte également à ses propres limites (Finalement il n'a que deux bras deux mains pour transporter ton son cheptel automobile): il voudrait déjà être autonome (et manger que du dessert à tous les repas). Être confronté à la frustration est très important pour un jeune enfant. C'est ce qui lui permettra de pouvoir, plus tard, différer ses désirs immédiats pour s'adapter au monde dans lequel il vit.(imagine Max, les voitures n'existeront peut être plus dans 20 ans quand on aura sauvé la planète: voituuuuuuuuures!) La colère d'un tout-petit n'est pas mauvaise en soi: c'est le moyen pour lui d'évacuer son trop plein d'émotions."
Leurs conseils:
"Poser des limites claires
Ne cédez pas
Contourner ses refus
Utilisez l'humour et le jeu
Donnez lui de petits choix
Prévenez à l'avance
Mesurez bien vos interdits
Valorisez son attitude positive
Dédramatiser
Acceptez sa colère
Gardez votre calme...
Contenez-le physiquement
Traduisez sa colère en mots
Protégez-vous: isolez vous si besoin
Rassurez-le de votre amour une fois la colère passée"
J'ai bien assimilé tout ce qui se dit et se lit et pourtant je continue de batailler et les améliorations constatées un jour s'envolent dès le lendemain. J'imagine que c'est un travail de longue haleine et que rien n'est acquis de manière définitive, c'est l'apprentissage en spirale.
Du pas bon: Les mardis matin de ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvants pour moi. Cette année encore je les ai inscrit à un atelier organisé par l'équipe éducative de la garderie. Une dizaine de mamans accompagnées de leur petit se retrouvent pour une demi douzaine de séances hebdomadaires autour d'un thème développé par une animatrice. Le printemps dernier nous avons participé à des séances d'art plastique et cet hiver à un atelier d'éveil corporel, cette fois ci nous nous retrouvons pour des moments d'éveil sonore et musical pour découvrir des instruments, des sons, des chansons, des danses et des rondes. Lors de la première séance nous n'étions pas encore rentrés dans le salle que Maxime était passé en mode "Non, non, non" Il a souvent cette attitude de rejet-panique quand il est confronté à de nouveaux lieux ou de nouvelles personnes. Il est pourtant vite entré en confiance quand il a reconnu les puéricultrices et ses copains de garderie. Nous nous sommes tous assis en cercle et nous avons commencé à écouter et chanter, tous sauf Maxime qui, soit se tenait au centre de l'attention au milieu du cercle pour un one-naughty-boy show, ou qui courrait à droite à gauche pour explorer tout ce qui était à ne pas toucher. Pendant une heure j'ai passé mon temps à le ramener dans le cercle en dépit de ses contorsions et gémissements. J'ai quitté plusieurs fois la pièce pour le mettre au coin dans l'entrée, laissant de l'autre côté de la porte vitrée un petite Lynn médusée et un cercle d'enfants sagement assis à côté de mamans dont j'ai pris le silence pour du mépris, à tord j'espère. A la fin de la séance, lorsque les puéricultrices ont fait preuve de compréhension et de compassion, j'étais tellement tendue et déçue que je me suis retrouvée en larmes devant tout le monde (tout le monde, toutes les mamans aux enfants si posés et sages, et qui ont peut être des ainés dont je serai l'enseignante dans quelques mois...) profondément affectée par ce sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir su tracer le bon chemin pour lui. J'ai eu besoin de digérer ça. Je n'ai pas pu le consigner ici tout de suite. je n'en ai pas fini. Je pense que c'est ma propre impatience qui me fait peur, bien plus que la sienne. La sienne s'explique et se comprend et il nous a pour y faire face. Je suis seule responsable de la mienne et j'ai de longues années d'impatience derrière moi, est-elle ancrée à jamais? Je m'interroge et écoute avec attention les propos et conseils prodigués sur le blog "J'arrête de raler" où une jeune femme s'est donné pour défi de ne pas râler pendant 21 jours consécutifs. Elle utilise brillamment l'introspection et partage son expérience qu'elle aimerait propager. Ne pas râle mais aussi célébrer, ouf ça je sais plutôt bien faire. Ne plus râler donc, je médite la question, je définis les termes et réfléchis. 24h déjà... En seriez vous capable?
Du bon: Les deux séances qui ont suivi se sont beaucoup mieux passées. A la seconde il a pleuré dès notre arrivée, ancrage négatif. Comme convenu une puéricultrice de la garderie l'a pris en charge à chaque crise afin que je puisse continuer les activités avec Lynn. Il a fait quelques aller retour dans l'entrée pour l'isoler du groupe et puis enfin s'est mis à jouer en suivant les consignes sans perturber par son comportement. Il s'est rendu plein de bonne humeur à la troisième séance et à part quelques écarts, j'ai été très fier de lui, de nous. C'est un petit garçon plein d'entrain, toujours le premier volontaire pour tester le gong, les cymbales, le tambour, les chansons à gestes et les applaudissements quand la plupart des autres reste encore beaucoup en retrait. Il est curieux, enjoué et absolument adorable quand il n'entre pas en phase éruptive. Enfin, une autre maman m'a montré un peu d'humanité et m'a dit qu'à la maison son petit garçon avait aussi "des moments" difficiles et qu'elle préférait les enfants plein d'entrain que réservés.
Et du moins bon: Hier en allant le chercher à la garderie je l'ai trouvé puni, attaché sur un transat pour comportement inadmissible avec pieds sur la table et jet de nourriture pendant le goûter. On m'a dit qu'il avait testé les limites toute la journée et je vois très bien ce qu'elles ont dû vivre, seulement elles en ont 12 à gérer... En partant on m'a demandé si j'avais déjà envisagé d'avoir recours à une aide extérieure (mais elle est morte Super Nanny, non?) , si j'en avais déjà parlé à mon pédiatre (je n'ai pas de pédiatre, c'est à peine si j'ai un docteur, soit trop loin, soit trop sollicités) Gloups... Cette question a été contrebalancé avec un point de vue relatif quant à la fréquence de ses crises et le fait que tous les enfants passent par là et qu'à côté de ça il est adorable et dit pardon quand il rote à table...
Lynn n'est pas (plus? pas encore?) dans cette phase. Quand une contrariété se profile entre nous, elle zappe vite à l'étape finale du câlin pour éviter celle de la mise au coin.
Avoir des jumeaux est finalement un avantage car je constate que ma manière de faire n'est pas à repenser entièrement puisqu'elle marche bien avec Lynn. Max me demande de grandir encore dans ma patience. Je lui enseigne, il m'apprend.