ECRIRE: pourquoi vous pas?
Lu chez The WoRdsLiNgEr:
"Et vous, pourquoi
n’écrivez-vous pas ? Vous l’êtes-vous
parfois demandé ? Qu’est-ce qui vous retient
d’écrire ? Comment justifiez-vous ce refus, ce
renoncement, cet évitement, cette dérobade ?
Savez-vous ce qui est réellement à l’œuvre
là-dessous ? A quelles forces obéissez-vous ?
Quelles sont vos raisons ? Quel est le secret honteux que
vous gardez enfoui dans ce silence ? Dites-moi ce qui, chaque jour à
la même heure, devant la table et la feuille, vous empêche
de vous asseoir pour écrire. Et dites-moi aussi ce qui, en
tout lieu et à tout instant, de façon si impérieuse,
vous persuade de ne rien noter dans le carnet qui se trouve pourtant
dans votre poche, flétri par les pauvres tâches que vous
lui confiez, d’agenda ou de répertoire. Je ne comprends
pas. Expliquez-moi. Parlez, si vous ne voulez pas l’écrire.
Expliquez-vous ! Vous vous réfugiez dans le commerce, les
affaires, la boulangerie-pâtisserie, le sport, l’enseignement,
la plomberie, la politique, l’horticulture, est-ce bien
glorieux ?
Toute cette peine
vraiment pour ne pas écrire ? Vous grimacez bien
parfois devant votre miroir, vous faites jouer vos muscles, vous
poussez votre voix, n’éprouvez-vous donc pas le besoin
de vous approprier votre langue maternelle comme vous vous êtes
approprié votre corps ? Vous n’auriez pourtant pas
consenti à grandir et vivre in utero, je suppose. Vous
avez voulu pousser dans les directions qui étaient les vôtres.
On connaît votre silhouette, votre démarche. Pourquoi
n’écrivez-vous pas ? Comment faites-vous ?
Comment vous y prenez-vous, chaque jour à la même heure,
pour ne pas écrire, et encore, en tout lieu et à tout
instant, pour ne pas écrire non plus ? Pour n’extraire
jamais le petit carnet de votre poche – est-il cousu dedans ? Mais alors qu’est-ce
que l’encre pour vous, qu’est-ce que le papier ?
Qu’est-ce que la solitude ? Votre passé est-il donc
définitivement passé ? Et qu’y a-t-il dans
vos tiroirs ? Mais alors jamais
vous n’avez le désir de sortir de votre vie, de quitter
aussi votre corps, et d’observer le manège depuis une
position écartée ? Et puisqu’il faut vivre
quand même, ne souhaitez-vous jamais contrôler davantage
la situation ? Ne pas seulement répondre et vous adapter
aux circonstances du jour, mais soudain détenir les pleins
pouvoir, agir à votre guise, mener la danse et pourquoi pas
aussi tyranniser un peu les populations ?
C’est donc avec
une éponge et une bassine que vous allez maîtriser
l’orage que vous sentez gronder en vous ? Mais êtes-vous
décidément si satisfait de ce monde que vous puissiez
vous permettre de ne pas écrire ? Puisque, selon certaine
légende qui vous trouble, le monde fut créé par
le Verbe, n’avez-vous pas envie de dire votre mot vous aussi,
enfin ? Et s’il est vrai que ce monde n’existe pour
l’homme que tant qu’il le nomme, vos congénères
ne finiront-ils pas par vous en vouloir de ne jamais en placer une ?
Et votre contribution ? On l’attend toujours ! Vous
vous réfugiez dans le mariage, la maladie, la consommation et
les embouteillages, est-ce bien glorieux ? Pendant ce temps-là,
qui nourrit votre tigre ? Ou devrais-je plutôt
vous admirer ? Quelle force il vous faut, en effet, pour ne pas
écrire ! Quelle résistance ! Quel aplomb !
Quelle formidable volonté ! Et comme vous êtes bien
bâti pour la vie ! Pourquoi vous n’écrivez
pas ? Mais parce que le monde s’ouvre devant vous et vous
acclame, parce que votre bouche ne trouve rien à redire ni
votre œil rien à déplorer qu’une
surabondance de roses, peut-être, qui pourrait bien incommoder
aussi votre odorat délicat (penser à punir le
jardinier). Écrire risquerait de compromettre cette belle harmonie.
Surtout ne pas écrire, il n’en résulterait que
désordre, panique, confusion, cacophonie. Je comprends mieux,
mais tout de même, j’ai beau vous regarder, je ne vous
trouve pas si réjoui, si triomphant, si épanoui. A vrai
dire, je vous sens plutôt fatigué, amer, mal fichu. Je
me trompe peut-être, mais je ne serais pas surpris de vous voir
entrer tout à l’heure dans une papeterie pour y faire
quelques emplettes."
Alors si "moi pas" là maintenant tout de suite, c'est que j'ai les deux petites pommes qui enfin sommeillent mais risquent de s'éveiller à nouveau d'un moment à l'autre et que pour écrire, vraiment écrire, il me faut faire un peu d'apnée à la recherche des mots qui sonnent juste, chantent bien ou grondent assez violemment ce qui veut sourdre de moi... alors pour l'instant je papillonne vos le net et "copie-colle".
...écrire, c’est comme mettre au monde à mon sens. Il faut d’abord la
petite graine qui passe du cœur à la tête, et puis la main libère les
mots qu’on a ainsi porté en soi. C'est tout un travail moi je dis, mais quel épanouissement de l'être...
Pour l'instant je le garde encore un peu au chaud mais sinon, promis, bientôt récit de cette semaine de vacances avec photos, plein!