Impatience, cirque, magie et morale
"Merry be the Circus that stopped at
my door.
The clowns and magicians the animals o'er.
The acrobats held
tentatively, up in the sky.
The smell of the peanuts, the popcorn, the pie.
The magic and wonder of this untraveled land.
The unknown adventures held tight in its hand.
The colors and splendor, the spectators keen.
The fire-eaters, ringmaster,
whole jumbled scene.
The calliope music filling the air,
Compressing its spaces to cheer everywhere.
The clowns painted faces and funny wild dress.
The ladies short dresses, concealing much less.
The crazy wild aura that pervaded the tents,
The
elephants, the tigers,
the trainers, the scents.
The hoops and the rings and jungle free rides
The rainbow spangled people we all keep inside.
The seals and the horses, the strongman,
the bear.
The ringmaster's voice booming aloud in the air.
And Golly, how we loved it,
my family, friends and I!
How we cherished ardently,
each laugh and yell and cry.
For it was all of life's known songs
and everyone we've met.
It was pure enchantment,
a joy we shan't forget!"
Ce matin en lisant les mots de Miss
Zen, je me suis dit que je n'étais pas la seule pour qui
la maternité se tissait aussi parfois avec un fil
d'impatience. Chrysalide d'à peine quelques semaines j'avais
déjà hâte de m'arrondir. J'étais pressée
de les sentir palpiter en moi et de voir un petit pied venir toquer
comme pour dire "ça va." Et puis j'ai eu hâte
que mon ventre cesse enfin de croître, chaque jour plus haut,
plus rond, plus gros. J'étais pressée qu'ils cessent
leur pirouettes et leurs petits airs de xylophone en ma personne.
Devenue maman papillon j'ai eu hâte de pouvoir me poser sur les
premiers sourires, hâte de les voir grandir-dormir, hâte
de les voir marcher, puis courir, parler, rire, lire. 2 ans 2 mois le
temps me file entre les doigts, soudain j'ai un peu moins hâte
de ce grand envol vers la petite école. Enfin je ne suis plus
pressée. Je savoure l'ici et maintenant.
Pourtant il
restait bien une chose pour laquelle je nourrissais quelques
impatiences: Les accompagner encore plus loin dans "la
foie poétique et la suspension consentie de l'incrédulité"
en les emmenant au spectacle ... ah...le velours des sièges,
le grand rideau rouge, les chuchotements et la magie suspendue juste
avant que ne commence le show, les tonnerres d'applaudissements
partagés et le sucré d'un entracte... J'ai voulu m'y
prendra très précocement, et alors qu'ils n'avaient que
20 mois j'étais bien décidée à tenter
l'enchantement à grande échelle en les emmenant voir
Happy Birthday
Marie Rose le jour de mes trente trois ans. Spectacle
annulé, fin de journée avec les pompiers, ça
ne s'est pas fait. Je pensais rattraper ça avec le
spectacle que Chantal
Goya donnerait à La Rochelle le 9 de ce mois mais
Papapillon travaille et j'ai dû renoncer à ce projet.
Et puis cette semaine, dans la ville voisine un cirque! Chapiteau pointu à la voute étoilée, estrades de bois, bestiaire fabuleux tout à coup apparu en plein coeur de la ville chamboulant l'ordinaire de son square, costumes et paillettes, magie sur un fil tendu... l'imagerie est riche et fait de jolis tours sur la piste de mon imaginaire. Je me souviens un jour lointain, une sortie, le cirque, du rêve plus grand que moi. Je garde le souvenir d'une ambiance barbe à papa et d'un grand halo de lumière et d'extraordinaire éclairant la nuit noire. Alors, le cirque, pourquoi pas.
On paye dès deux ans. On explique qu'ils les ont à peine. "Même le garçon là ...il a l'air bien plus grand que la petite"! Pressé par l'imminence du spectacle, on ne nous questionnera pas davantage nous faisant ainsi économiser les vingt euros de ce tarif enfant.
Les animaux ont forcément retenu leur attention: lionnes, dromadaires et girafe. Maxime a trouvé plus envoutants les projecteurs et l'ombre de la trapéziste que la jolie demoiselle en elle même. Entrainée par le rire des autres enfants, Lynn s'est esclaffée devant les bouffonneries des clowns alors que Maxime, lassé du spectacle après l'entracte, était parti à l'aire de jeu voisine avec son papa. Le spectacle a fait son effet chez les plus jeunes.
Un cirque qui se dit à l'ancienne et que je qualifierai de bas de gamme (en dépit des tarifs appliqués, mais qui peuvent s'expliquer toutefois: les bouches à nourrir, les kilomètres à avaler) et qui surtout me laisse comme un malaise, une grande interrogation à la fois concernant le sort des animaux et le message qu'un tel spectacle véhicule: la toute puissance de l'homme au fouet face aux fauves, la facéties brutales des clowns qui se bottent les fesses et se baffent à qui mieux mieux, une girafe comme sortie d'un mirage à qui on fait faire trois tours de piste et qu'on retourne bien vite replier dans le camion pour d'autres voyages,sans compagnon.
Incertaine quant à mon propre code morale concernant la question, j'ai consulté d'autres opinions en ligne. Les ligues s'insurgeant contre les cirques et ménageries ambulantes sont nombreuses: code animal, one voice pour n'en citer que deux. Leurs arguments ne manquent pas et me semblent de prime abord justifiés. Le site "dompteurs" propose des arguments contrepoids en faveur de ces itinérants du spectacle: complicité avec l'animal, longévité, reproduction, etc....
J'ai du mal à me positionner de manière claire, précise et définitive en faveur de l'un ou de l'autre, et vous?